Outil culturel symbolique, le Centre culturel Tjibaou est né de l’histoire politique récente de la Nouvelle-Calédonie. C’est dans le cadre des accords Oudinot qui ont complété le 20 août 1988, les accords de Matignon, qu’à la demande de Jean-Marie Tjibaou, il est convenu de construire un centre dédié à la culture kanak. Sa construction est réalisée dans le cadre des grands travaux de la République, décidés par le président François Mitterrand.
Renzo Piano, lauréat du concours d’architecture du Centre culturel Tjibaou est également connu pour avoir conçu et réalisé le Centre Pompidou à Paris en 1971, l’aéroport international d’Osaka en 1988, la Postdamer Platz de Berlin en 1992. En 1998, il remporte le prix Plitzker à Washington en présentant le Centre culturel Tjibaou. Il a conçu le projet dans le plus grand respect de la culture kanak. Les constructions font appel à une technologie avancée mais douce, les différentes unités spatiales, tressées ensemble par des parcours, s’harmonisent avec la nature, la richesse végétale s’impose.
Le centre culturel Tjibaou a été inauguré le 5 mai 1998, date anniversaire de la disparition de Jean-Marie Tjibaou. De nombreux échanges coutumiers ont permis de donner le nom de Tjibaou au Centre culturel.
Statue de Jean-marie TJIBAOU
Son nom lui a été attribué en hommage au chef indépendantiste kanak Jean-Marie Tjibaou, à l'origine de ce projet, et qui avait organisé à côté de ce site le festival Mélanésia 2000.
Jean-Marie Tjibaou et son fils
le « chemin kanak »
Dans la conception kanak du monde, le végétal est une valeur fondamentale. Chaque plante possède un sens, une fonction, un statut. Ce savoir immense que détenait les ancêtres nourrit chacun d'entre nous aujourd'hui et se transpose dans le chemin kanak (au centre culturel Tjibaou) : parcours végétal initiatique évoquant le mythe fondateur du premier homme, Téa Kanaké. Cette légende est évoquée en 5 étapes : l'origine des êtres, la terre nourricière, la terre des ancêtres, le pays des esprits et le renaissance.
Cette légende nous dit ...
"A l'aube du monde, la lune déposa sa dent sur un rocher qui émergea de l'océan des origines. Sous l'effet de ses rayons, la dent se décomposa. Dés lors apparurent les premiers êtres vivants : ceux qui restèrent sur le rocher se transformèrent en lézards, ceux qui glissèrent dans l'eau devinrent anguilles et serpents. De ces êtres primordiaux naquit Téâ Kanaké.
Né ignorant de tout, Téâ Kanaké demanda aux esprits de lui transmettre ce qu'il devait savoir pour vivre sur terre : les magies des pierres et des herbes, le travail des champs, et la connaissance des plantes. Alors il cultiva les ignames et fit pousser les taros, et il planta les coleus, qui, depuis ce temps, protège les jardins.
Les esprits apprirent à Téâ Kanaké la vie en société, il échangea donc les premières ignames et construisit sa case. Il planta le pin colonnaire qui délimite les lieux sacrés et tabous, et énonça la première parole.
Afin de tout savoir sur la vie des hommes, Téâ Kanaké décida de connaitre la mort, et il entra dans le banian qui est le corps des esprits. Par ses racines qui pénètrent aux pays souterrains, il visita le pays des morts et, en ce ventre maternel, il se transforma.
Comme les rejets qui renaissent d'un tronc coupé, Téâ Kanaké, porteur de la continuité de la parole, traversa la roche percée, symbole de la renaissance. Et naquit de nouveau."
L« aire coutumière Mwakaa »
« espace de la chefferie » en nââ drubéa, organisée autour de trois grandes cases représentant les spécificités architecturales des provinces (grandes cases du Sud, la plus haute et la moins large, du Nord et des Îles Loyauté,la plus basse et la plus large) mais aussi d'un faré polynésien légèrement en retrait, il « relie le passé au présent et fonde la légitimité du site » en servant de lieu de parole, de vie et d'échanges coutumiers.
La salle de spectacle
Les événements d'OUVEA
Sa détermination dans la lutte pour l’indépendance n’ayant d’égale que sa volonté d’empêcher la montée des haines raciales, il accepte les accords de Matignon le 26 avril 1988, suite au événement d'Ouvéa, qui prévoient une décolonisation graduelle sur une période de dix ans. Cet acte lui coûtera la vie. Un an plus tard, le 4 mai 1989, Jean-Marie Tjibaou est assassiné avec Yeiwene Yeiwene par un opposant indépendantiste